Hier nous étions le 22
octobre. Cette date
revêt désormais une signification celle de la célébration de la Résistance.
La lecture de la lettre de Guy
Moquet écrite à sa famille avant son exécution a provoqué une politique bien légitime.
Cette polémique a d'abord pris naissance dans les
milieux communistes parti auquel appartenait Guy
Moquet.
Puis le corps enseignant s'est offusqué à juste titre de se voir imposer un cérémonial sur les commandes du pouvoir.
Au delà des enseignants et des militants on a oublié de demander l'avis de la famille de Guy
Moquet...car après tout cette lettre n'était pas adressée à la France mais à ses parents.
Cette lecture repose le débat des rapports quasi passionnels entre le Politique et
l'Histoire.
Le Politique a souvent par le passé fabriqué
l'Histoire afin de façonner ou de reconstruire une cohésion nationale.
Rappelons nous de la théorie de l'épée et du bouclier qui au sortir de la seconde guerre mondiale fit tourner ,dans les consciences de tout un peuple ,la page du régime de Vichy.
Aujourd'hui
l'Histoire se
répète .
Le président de la république s'est forgé un véritable programme historique celui de réconcilier les français avec leur pays dans le but de leur redonner confiance .
IL pense que la confiance retrouvée dans le
tréfonds de leur
conscience nationale, ils seront des agents économiques décomplexés enfin en adéquation avec
l'atmosphère ambiant de
concurrence économique .
Il veut tout d'abord les
empêcher de regarder leur passé colonial avec un oeil critique mélangeant
allègrement culpabilisation et reconnaissance de ses erreurs.
Il dit sans honte aux français ,durant sa campagne, que la France contrairement à l'Allemagne n'a rien à se reprocher.
Il veut maintenant susciter chez eux par la lecture d'une lettre émouvante d'un Résistant à ses parents l'amorce d'un nationalisme cocardier.
Que dire d'autre en effet de la lecture risible,pitoyable de la lettre de Guy
Moquet avant le premier match de coupe du Monde de l'équipe de France de rugby.
Cette lecture du 22 octobre symbolise un nouvel usage politique de
l'Histoire celui de faire passer
les sens des citoyens avant le sens des événements.En effet dans cette affaire le politique impose la lecture de cette lettre aux enseignants sans
contextualisation aucune. Il aurait fallut coupler cette lecture avec une réflexion et un travail pédagogique sur la Résistance et les Résistants.
Le devoir de mémoire ne passe pas simplement par une évocation sensorielle de
l'histoire.Il doit pour pénétrer les cervelles autant que les âmes être avant tout être raisonné ,réfléchi . C'est ainsi qu'on apprend de
l'Histoire et que l'on construit l'avenir: Les impressions passent ,les raisonnements restent. C'est toute la différence entre comprendre et ressentir.
Cette lecture me choque donc car elle constitue une vision parcellisée de la Résistance, vision qui plus est
instrumentalisée dans un but politique.
Comment peut on faire comprendre a des adolescents tout le sens profond du combat de la Résistance par une seule lecture de cette lettre émouvante?
N'y-a-t il pas d'autre texte qui mettent en lumière d'une façon plus intellectualisée les valeurs de la Résistance.
Deux poèmes
d'Aragon me viennent à l'esprit .
J'aurais aimé qu'on les lise aussi afin que l'on ne fasse pas uniquement du combat de la Résistance un prétexte à refaire vibrer les cordes nationalistes.
La lecture de ces deux poèmes nous permet de comprendre à quel point les hommes furent unis dans la Résistance....les chrétiens ,les
athées les "français", les étrangers.
La Résistance fut d'une certaine manière une communion ;on se sert de sa mémoire pour faire revivre un nationalisme source de division.
Ces deux poèmes les voici:
La Rose et le Réséda qui célèbre l'union des hommes dans la résistance l'union de "ceux qui croyaient au ciel" et de "ceux qui n'y croyaient pas".
http://partisans.ifrance.com/partisans/reseda.htm
L' Affiche Rouge (du nom de cette affiche de propagande fasciste) qui rappelle le sang versé par ceux dont le nom étaient difficile à prononcer ces étrangers du groupe
Manoukian mort pour la Liberté , mort pour la France "ces 23 étrangers et nos freres pourtant".
L'affiche RougeVous n'avez réclamé ni gloire ni les larmes
Ni l'orgue ni la prière aux agonisants
Onze ans déjà que cela passe vite onze ans
Vous vous étiez servis simplement de vos armes
La mort n'éblouit pas les yeux des Partisans
Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
L'affiche qui semblait une tache de sang
Parce qu'à prononcer vos noms sont difficiles
Y cherchait un effet de peur sur les passants
Nul ne semblait vous voir Français de préférence
Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
Mais à l'heure du couvre-feu des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE
Et les mornes matins en étaient différents
Tout avait la couleur uniforme du givre
A la fin février pour vos derniers moments
Et c'est alors que l'un de vous dit calmement
Bonheur à tous
Bonheur à ceux qui vont survivre
Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand
Adieu la peine et le plaisir
Adieu les roses
Adieu la vie adieu la lumière et le vent
Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent
Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses
Quand tout sera fini plus tard en
ErivanUn grand soleil d'hiver éclaire la colline
Que la nature est belle et que le coeur me fend
La justice viendra sur nos pas triomphants
Ma
Mélinée ô mon amour mon orpheline
Et je te dis de vivre et d'avoir un enfant
Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient le coeur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtantVingt et trois amoureux de vivre à en mourirVingt et trois qui criaient la France en s'abattant